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Dans nos filets à provisions le corps à corps des mots

Clinic Zones


Dernière date

28 Janvier 2018 - La Ciotat

 

Hôtel du Vieux Port-Best Western

252, quai François Mitterrand – 13 600 – La Ciotat

Samedi  de 9h à 18h – Dimanche de 9h30 à 16h

 

INTERVENANTS

 

Michèle Duffau – Marie-France Basquin – Mayette Viltard

Marie Jardin – Françoise Jandrot – Luc Parisel

 Xavier Leconte – Julio Barrera-Oro – Ninette Succab

Marie-Magdeleine Lessana – Colette Assouly-Piquet – Rosine Liénard

Anne Marie Ringenbach – Anne-Marie Vanhove – François Dachet

Claude Mercier – Jean-Hervé Paquot

 

 

❊ Comment faire pour qu’un flyer ne soit pas une façon de rendre nos incohérences présentables, en les édulcorant, en les lissant, et du même coup, en instaurant une différence entre les publics qui n’est pas de mise? Comment rester avec le trouble ? Tout en développant nos difficultés avec la psychanalyse de façon rigoureuse ?

Dans les conjonctures historiques urgentes, les mots-avec-lesquels penser sautent de nombreux chaudrons en ébullition car nous sentons le besoin de meilleurs sacs à provision pour récolter des choses qui réclament attention.

❊ Les ruminations du sens commun.

Les mots inventés par les sorcières contemporaines proclament moins les revendications légitimes, les justes luttes, les droits inaliénables, qu’ils ne font exister la déchirure du monde, sa douleur et les forces, petites, obstinées, qui seules, comme les herbes qui poussent  dans les moindres interstices, sont capables de disloquer le ciment, de faire craquer le béton.

❊ L’inconscient ? Je propose de lui donner un autre corps parce qu’il est pensable qu’on pense les choses sans les peser, il y suffit des mots ; les mots font corps, ça ne veut pas dire du tout qu’on y comprenne quoi que ce soit. C’est ça l’inconscient, on est guidé par des mots auxquels on ne comprend rien. On a quand même l’amorce de cela quand les gens parlent à tort et à travers, il est tout à fait clair qu’ils ne donnent pas aux mots leur poids de sens. Entre l’usage de signifiant et le poids de signification, la façon dont opère un signifiant, il y a un monde. C’est là qu’est notre pratique : c’est approcher comment des mots opèrent. L’essentiel de ce qu’a dit Freud, c’est qu’il y a le plus grand rapport entre cet usage des mots dans une espèce qui a des mots à sa disposition et la sexualité qui règne dans cette espèce. La sexualité est entièrement prise dans ces mots, c’est là le pas essentiel qu’il a fait.

Un son qui se réfléchit de corps vibrant en corps vibrant.

❊ L’écriture de Haraway n’était pas de la sophistication mais un travail au corps à corps avec ce qui avait fait désespérer Woolf. Il n’y a rien d’innocent chez Haraway, l’écriture moins que le reste, où les mots sont agissants.

Les zones de contact des mots.

❊ Les signifiants copulent entre eux.

On écrit beaucoup sur le nouvel esprit du capitalisme beaucoup moins sur le nouveau corps qu’il produit.

❊ Rendre plus flexible et moins anthropomorphique la théorie des signes en jetant les bases d’une sémiologie trans-espèces. Ça pourrait servir à considérer les couples multi-espèces analysants analystes, voire les analystes « entre-eux ».

Les mots qui sonnent acceptables, rationnels, scientifiques et intellectuellement fiables, le sont précisément parce qu’ils font partie de la langue de la mise à distance.

❊ Guetter le surgissement du sens dans ses distributions sensorielles.

La perception ne procédant que par de la représentation d’emblée prise dans une forme discursive constituée correspond au fait qu’il n’y a pas d’image séparée de son interprétation.

❊ Un « moi » unifié qui « est » son point de vue n’a pas de point de vue justement : il reste collé, fusionné à son assujettissement. Haraway, contre ces postures, prône donc les « perspectives partielles » : c’est-à-dire que les postures assujetties offrent un angle de vue, une perspective de production de savoirs et de discours. Mais ces angles de vue doivent être médiatisés, outillés, manipulés pour fournir un savoir. La vision requiert des instruments de vision; une optique est une politique de positionnement.

L’expérience est déjà une interprétation et quelque chose qui doit être interprété. Ce qui compte comme expérience n’est jamais évident ni simple; il est toujours contesté, et donc toujours politique.

❊ Sur la difficulté à faire passer la catégorie du réel? C’est tout à fait vrai que ce n’est pas facile d’en parler. C’est là que mon discours a commencé. C’est une notion très commune, et qui implique l’évacuation complète du sens, et donc de nous comme interprétant.

Ce qui est ouvert fait signe.

❊ Se rappeler que si pour Foucault le pouvoir disciplinaire fonctionne avec garantie de territoire, le biopouvoir fonctionne avec un pacte de sécurité.

Ça n’a rien à faire avec des représentations, ce symbolique, ce sont des mots et à la limite, on peut concevoir que des mots sont inconscients. On ne raconte même que cela à la pelle : dans l’ensemble, ils parlent sans absolument savoir ce qu’ils disent. C’est bien en quoi l’inconscient n’a de corps que de mots.

❊ Il est curieux de s’apercevoir qu’il y a dans cet entrecroisement de fils quelque chose qui s’impose comme étant du réel.

Ces histoires de ronds de ficelles me donnent beaucoup de tracas quand je suis tout seul, je vous prie de vous y essayer, vous verrez comme c’est irreprésentable, on perd les pédales tout de suite. On peut aussi très bien en donner des représentations noir sur blanc, des représentations mises à plat où on ne s’y retrouve pas : on ne le reconnaît pas.

❊ Nous ne nous intéressons facilement qu’à des symptômes, et ce qui nous intéresse, c’est de savoir comment avec du blabla, avec notre propre blabla, c’est-à-dire l’usage de certains mots, nous arrivons…

Prenez vos propres mots ou les mots dits être « les mots très propres » de n’importe qui d’autre vivant ou mort. Vous verrez bientôt que les mots n’appartiennent à personne. Les mots ont une vitalité propre et vous ou n’importe qui d’autre peut les faire entrer dans l’action.

❊ C’est avec des mots que ça se résout et que c’est avec les mots de la patiente même que l’affect s’évapore.

On ne peut suggérer l’idée de représentation qu’en ôtant au réel tout son poids concret.

❊ Je raconte des histoires d’humains et non-humains fabriquant des devenir-ensemble. Et qui ne peuvent vivre les uns sans les autres. Sont obligés d’être avec.

 

PETITE BIBLIOGRAPHIE POUR CETTE SESSION

 

Isabelle Stengers, Civiliser la modernité ? Whitehead et les ruminations du sens commun, Les presses du réel, avril 2017

Jacques Lacan, Propos sur l’Hystérie, Bruxelles 1977, Pas-tout Lacan, site elp.

RSI, Séance de du 11 mars 1975.

Sam Bourcier, Homo Inc.orporated Le triangle et la licorne qui pète, Cambourakis, août 2017.

Tristan Tzara, Poème dadaïste, 1920, OEuvres complètes, Paris, 1975,      p. 382.

Lowenhaupt Tsing, Le Champignon de la fin du monde. Sur les possibilités de vie dans les ruines du capitalisme, trad. P. Pignarre et            F. Courtois-l’Heureux, les Empêcheurs de penser en rond/ la Découverte, 2017 Princeton University Press, 2015.

Donna Haraway, Staying with the trouble, Making Kin in the Chthulucene, Duke University Press, 2016.

L’unebévue N°35, L’asile-du-dedans, janvier 2018.

Gilles Deleuze, « La méthode de dramatisation », in L’île déserte, Minuit.

 

Inscriptions sur place à 9h.

Formation permanente 275€. À titre individuel 100€. Tarif réduit 50€

CLINIC ZONES 110 Bd Raspail 75006 PARIS cliniczones@wanadoo.fr

Direction et coordination : Mayette Viltard, Anne Marie Ringenbach

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  • 27 Janvier 2018

    28 Janvier 2018