Le Groupe de Travail de Psychothérapie et de Sociothérapie Institutionnelles (GTPSI) rassemble quelques acteurs majeurs de la psychiatrie, liés à l’hôpital de Saint-Alban et à la clinique de La Borde, hauts lieux de la psychothérapie institutionnelle.
S’y retrouvent deux à trois fois par an, de 1960 à 1966, Jean Ayme, Hélène Chaigneau, Roger Gentis, Félix Guattari, Nicole Guillet, Jo Manenti, Ginette Michaud, Jean Oury, Gisela Pankow, Jean-Claude Polack, Claude Poncin, Yves Racine, Philippe Rappard, Jacques Schotte, Horace Torrubia, François Tosquelles et quelques autres – tous engagés dans la transformation du système asilaire.
Lieu d’une pensée collective aux prises avec l’inconscient et la psychose, le GTPSI se distingue d’une simple société savante par une remise en cause permanente de chacun de ses membres, par la volonté affichée “de ne pas s’en laisser passer une”. À la recherche d’une cohérence théorique et clinique, ces praticiens ont choisi de récuser toute position du psychiatre qui tendrait à l’évitement de la folie.
En retraçant l’histoire de cette avant-garde et en donnant à lire l’essentiel des analyses et discussions qui l’ont constitué, ce livre met au jour un moment et des travaux inédits qui restent d’une importance majeure pour nourrir la réflexion psychiatrique contemporaine.
Olivier Apprill est rédacteur en chef d’Arte-Magazine et auteur de documentaires radiophoniques. Ancien stagiaire à la clinique de La Borde, il exerce aujourd’hui la psychanalyse dans le cadre d’une association qui reçoit de jeunes adultes en situation précaire.
Des sources
Robin George Collingwood est peu connu du public français, alors qu’il fait depuis longtemps partie des classiques dans le monde anglo-saxon. Professeur de philosophie dans l’un des Colleges les plus réputés d’Oxford, il s’est révélé dans le même temps l’un des maîtres de l’histoire de la Roman Britain, cette Angleterre occupée pendant des siècles par Rome.
D’un côté, il se trouvait donc enseigner la philosophie aussi bien ancienne que moderne ; de l’autre, il menait des fouilles pour construire un savoir historique cohérent sur une époque où les données textuelles sont plus que rares.
Ce double mouvement l’a amené à des réflexions sur la nature de la tâche historienne qu’il n’a guère livrées que vers la fin de sa vie (relativement brève : il meurt en 1943, à cinquante quatre ans). Ainsi publie-t-il d’abord des ouvrages sur l’art, la religion, l’histoire de la philosophe, avant de se lancer dans des éclaircissements sur sa conception de l’histoire dans lesquels il stigmatise ce qu’il appelle « l’histoire ciseaux-pot-de-colle », désignant par là ces historiens qui ne connaissent que leurs « sources » textuelles, qu’ils découpent et recollent à leur guise.
Le travail de l’archéologue, remarque-t-il, ne consiste pas à creuser là où il pense qu’il y a quelque chose à trouver, mais à se poser des questions à partir de son savoir lacunaire, et à chercher ce qui lui manque pour arriver à un minimum de consistance rationnelle. Collingwood part donc de l’idée qu’on ne trouve, pour peu qu’on soit chanceux, que ce qu’on cherche, quitte à ce que d’heureuses surprises viennent troubler ce plan de base.
En philosophe, il généralise les leçons de cet apprentissage pour considérer qu’une proposition, quelle qu’elle soit, n’a de sens que relativement à la question, au problème, à l’aporie qu’elle entend solutionner. Ce qui revient à privilégier l’histoire dans l’étude même de la philosophie puisqu’un énoncé ne sera désormais reçu qu’au prix d’avoir été ramené, non seulement à son « contexte », mais aussi à ce qui depuis longtemps risque de s’être complètement dissipé et qu’il faut donc reconstruire, à savoir la question à laquelle il doit le jour.
Dans cette Autobiographie, qu’il écrit rapidement en sachant que les années lui sont comptées, il livre, sous une forme libre et souvent drôle, les étapes de sa vie intellectuelle qui l’ont conduit de l’Oxford realism de sa jeunesse (devenue sa bête noire dès l’âge mur) à une vision de l’historien qui alimente encore aujourd’hui de nombreux débats en langue anglaise.
Premier ouvrage de Sigmund Freud, cette étude des aphasies est publiée en 1891. En critiquant pied à pied les conceptions organicistes de ses collègues aphasiologues et en cherchant à rendre compte de données cliniques disparates, Freud est conduit à forger des concepts – représentation de mot, représentation d’objet – que l’on retrouvera tout au long de l’œuvre à venir.
Plus encore : il construit ici un « appareil de langage » aussi argumenté, précis et détaillé que l’appareil psychique du célèbre chapitre VII de L’Interprétation du rêve, neuf ans plus tard. Le rapport de la future psychanalyse à la fonction de la parole et au champ du langage y est déjà affirmé avec force.
La présente traduction, due à Fernand Cambon, se fonde sur l’édition critique allemande de 1992, établie par Paul Vogel et Ingeborg Meyer-Palmedo.
Les noms propres ne sont-ils que des marques dénuées de sens apposées sur les choses pour les différencier les unes des autres, comme le soutenait Stuart Mill ? Et faut-il y voir, comme le pensaient déjà les Grecs, la forme la plus authentique de la nomination ?
Comme le diable, l’essentiel est dans les détails. Un nom collectif (les Durand) est-il un nom propre ? Comment certains noms propres (Poubelle) deviennent-ils des noms communs ? Pourquoi Brassica rapa est-il bien plus un nom propre que son équivalent vulgaire navet ? Pourquoi soleil est-il un nom commun alors que Sirius est un nom propre ?
Savant, riche d’exemples étudiés avec soin, cet essai est en même temps volontairement polémique. La théorie du nom propre est vouée à rester une source vive de conflits et d’avancées nouvelles, dont témoignent l’opposition violente de Gardiner à Russell, l’usage qu’en fait Lacan dans sa construction du signifiant, ou encore la sémantique des mondes possibles de Kripke.
Alan Gardiner (1879-1963), célèbre égyptologue, est également l’auteur de The Theory of Speech and Language (1932), où il défend une approche résolument pragmatique du langage.