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Des traces

Un amour de transfert
Elisabeth Geblesco
EPEL 2008 / ISBN n°978-2-35427-000-1 / 271 p. / 23 euros.

« J’éprouve à écrire une répulsion telle que je ne sais si je pourrai en venir à bout – Je m’oblige car je pense que seul le fait que toutes les entrevues soient notées donne une valeur à ce que j’ai écrit jusqu’ici, qui un jour s’inscrira dans l’histoire de la psychanalyse ; non en soi-même mais par ce que l’on en pourra lire plus tard, sur Lacan, comme recoupement avec d’autres opinions. Cette entrevue est complètement ratée par ma faute. Il faut dire à ma décharge que je suis malade, et à bout de fatigue. Il faut dire aussi que chaque fois qu’il insiste pour me voir, c’est raté. Soit que je préfère que la décision vienne de moi, soit que je m’interroge trop sur son transfert à lui – désir de l’analyste – et que cela fausse quelque chose. » E.G.

Elisabeth Geblesco a été l’une des dernières analystes a rencontrer régulièrement Lacan. Elle ne faisait nullement mystère de cette analyse de contrôle, mais personne ne savait qu’elle en tenait le journal. Ses proches, comme ses élèves, ignoraient tout de l’existence des cinq cahiers que nous publions ici.

Également disponible sous format électronique chez Epagine ou chez votre revendeur habituel.

Schizomètre. Petit manuel de survie en milieu psychiatrique
Decorpeliada Marco
EPEL 2010 / ISBN n°978-2-35427- / 85 p. / 22 euros.

Marco Decorpeliada (1947-2006), catalogué malade mental, a produit une série d’œuvres singulières en rapport avec les multiples diagnostics dont il a été l’objet. À cet étiquetage forcené, il a répliqué en établissant une correspondance terme à terme entre les codes attribués aux troubles mentaux dans le DSMIV, et ceux des produits du catalogue PICARD SURGELÉS.

Son journal de l’été 2005 et ses « fiches de survie » témoignent, comme l’ensemble de sa production artistique, d’une guérilla opiniâtre contre l’armada du savoir classificatoire. Guérilla joyeuse, ironique, parodique, spirituelle, et néanmoins rigoureuse dans sa logique.

La nécessité du chagrin d’amour
Alain Fournier
EPEL 2009 / ISBN n°978-2-35427-006-3 / 157 p. / 19 euros.

L’adolescence est une invention récente des sociétés occidentales, dont Le Grand Meaulnes fut un signe avant-coureur. Encore pris dans la crise dont il élabore le mythe, Alain-Fournier en offre par la même le paradigme. Sa vie, vouée à l’adolescence par sa mort prématurée, en éclaire tous les ressorts. A quoi servent les chagrins d’amour ? Pourquoi devient-on écrivain ? Et comment devient-on un vélocilecteur, avide de ballades solitaires et de livres où s’inventer par les mots des autres ? Un roman, écrit avant la première guerre mondiale, rencontre un demi-siècle plus tard un lecteur aussi jeune que son héros, lui ouvre un passage vers la psychanalyse et change sa vie.

La cigale lacanienne et la fourmi pharmaceutique
Philippe Pignarre
EPEL 2008 / ISBN n°978-2-35427-003-2 / 97 p. / 12 euros.

Philippe Pignarre est historien et directeur des Empêcheurs de penser en rond. Il a travaillé dans l’industrie pharmaceutique, et publié Les malheurs des psy (La découverte, 2006).

Les psychotropes ont installé une machine au milieu de la scène psy. Comment travaille-t-elle ? Depuis 1952 (mise sur le marché du Largactil), les psychotropes ont d’abord réorganisé la psychiatrie lourde, héritière de la psychiatrie asilaire et de ses patients psychotiques. Puis ils ont fini par envahir et redéfinir tout le champ des troubles mentaux. Mais la machine est restée très modeste. Elle veut seulement aider. Elle a comme rouages un certain nombre de techniques et de tests comportementaux ou cellulaires, qui se pratiquent sur des rats, des souris et des chiens.
Cependant, il pourrait bien y avoir une grandeur des psychotropes que les psychanalystes n’ont pas été capables de saisir et qui les met progressivement hors jeu.

Comment Marcel devient Proust
Thierry Marchaisse
EPEL 2009 / ISBN n°978-2-35427- / 130 p. / 19 euros.

Proust laisse entendre dans À la recherche du temps perdu que cet ouvrage est l’histoire d’une vocation invisible : la sienne. Mais dès lors, comment Marcel, le brillant mais stérile narrateur de cette histoire, en est-il devenu l’auteur ?
Un tel passage à l’acte créateur semble voué à rester une énigme, cependant la Recherche est ainsi construite qu’on peut en induire l’« idée » qui a permis à Proust de rendre visible sa vocation.
Thierry Marchaisse lit Proust à la lumière de ce qu’il fait, souvent sans le dire, ou seulement à demi-mot. Il montre que le lent accomplissement de sa destinée créatrice recèle une démonstration rigoureuse, tout aussi nouvelle dans ses principes logiques et ses moyens romanesques que dans ses fins philosophiques.

Thierry Marchaisse est philosophe, éditeur et traducteur de Willard V.O. Quine, Richard Rorty, Saul A. Kripke. Il a publié avec François Jullien Penser d’un dehors (La Chine), Seuil, 2000.