Un enfant c’est immense
Jornada
Fecha tope
7 deciembre 2019 - Paris
[Para leer el argumento en español, click aquí]
« JEAN-LUC GODARD – Et un enfant, à quoi ça peut servir ?
MARGUERITE DURAS (freudienne ?) – Un enfant, c’est la folie. Jusqu’à cinq ans, c’est des fous, les gosses. C’est des fous. C’est la merveille. La merveille de la terre. Après, c’est fini. À cinq, six ans, c’est fini. »
L’immensité de l’enfant suscite un geste : comme on le fait pour le ciel et la mer, on tracera des routes censées rendre fréquentable cette immensité – tout à la fois la sienne et celle à laquelle il a affaire.
On le priera (mot faible) d’inscrire ses pas dans cette immensité balisée, en lui promettant qu’ils feront de lui un « adulte » (ad ultima, « celui qui est au bout du chemin »). Le voici d’emblée plongé dans une langue, affublé d’un nom, d’une famille (d’un « complexe d’Œdipe »), inscrit dans une culture, une école, une cité, un pays – en un mot : « aimé ».
Que faire avec ces assignations à résidences ? de cet encadrement ? de cet amour ? Un libre pas de côté. L’enfant qui invente un biais afin de dire localement « non » (un de ces enfants que l’on éduque, aide ou soigne) est sensible à ce balisage de son immensité. Exemplaire à cet égard apparaît l’Ernesto de Duras, son refus de l’école, ce lieu « où on apprend des choses qu’on ne sait pas » – l’école, aujourd’hui prescriptrice de psychothérapies.
Et, tout récemment, Bergounioux : « Au premier rang des premières expériences viennent l’inutilité, le danger de simplement demander. On se heurte à un mutisme opiniâtre, rapidement teinté d’hostilité. Les adultes ne croient pas devoir s’expliquer sur leurs raisons d’être et d’agir non plus qu’à propos de ce qu’ils tiennent pour la réalité. De sorte qu’à six ans, sans le publier, il a fallu entrer en dissidence ou cesser d’exister. »
Au programme
9h30 – Yann Diener : « Attention, agitation ». Débat.
10h15 – Projection du film de Marguerite Duras Les Enfants.
11h45 – Jean Allouch : « Ernesto en vérité ». Débat.
14h – Eduardo Bernarsconi : « Co-ire, une écriture d’enfant ? »
14h45 – Mayette Viltard : « Les images de Katy Couprie ».
15h30 – Débat. Fin à 17h.
Bibliographie, filmographie
Jean Allouch, La scène lacanienne et son cercle magique, Paris, Epel, 2018 (chap. III : « Laisser tomber les enfants ».)
Pierre Bergounioux, « Rien de moins. Entretien », in Penser, rêver, n° 17, « À quoi servent les enfants ? », 2010.
— Hôtel du Brésil, Paris, Gallimard, 2019.
Collectif, Co-ire, album systématique de l’enfance, Recherches, n° 22, 1976.
Yann Diener, On agite un enfant, Paris, La Fabrique, 2011.
Marguerite Duras, Ah ! Ernesto – Conte pour enfant (Paris, Harlin Quist et Ruy-Vidal, 1971 ; Édition Thierry Magnier, 2013).
— La Pluie d’été (Paris, P.O.L., 1990, rééd. Gallimard « Folio », repris en Pléiade).
— Les enfants, un film écrit par Marguerite Duras, réalisé en collaboration avec Jean Mascolo et Jean-Marc Turine, sorti en 1984 (DVD Benoît Jacob Vidéo).
Martine Gauthron, « Avec un enfant, un analysant passe », Littoral, « L’enfant et le psychanalyste », n° 18, Érès, 1986.
Donna J. Haraway, « Make kin, not babies », in Staying With the Trouble, Duke University Press, 2016.
Jacques Lacan, « Deux notes sur l’enfant », Ornicar?, n° 37, 1986, et Pastout Lacan, site Elp
Todas las fechas
-
7 deciembre 2019
INFORMACIONES COMPLEMENTARIAS
Hôpital de jour Gombault Darnaud
24 rue Bayen
75017, Paris
Prix d’entrée : 40€
Tarif étudiants : 10€