Donc, deux analytiques du sexe

Un cheval fourmi, une pierre en caoutchouc, une eau sans hydrogène n’existent tout simplement pas – et personne, que l’on sache, ne s’en est jamais ému. En revanche, le « rapport sexuel », qui est pourtant, vu par Jacques Lacan, un ovni de cette sorte, intrigue ; on conçoit même que la vie de tout un chacun pourrait tourner là autour. Il l’a inventé ce « rapport », pour, du même pas, le déclarer inexistant. Bizarre !

Et plus encore si, à bas bruit (on le montrera), l’exploration de cette inexistence a, par touches successives, dessiné une érotique distincte de celle – freudienne – qu’il avait jusque-là étudiée et reconfigurée. Une érotique qui, parce qu’elle est commune quoique nullement partagée, ignore les amples catégories avec lesquelles on a jusque-là pensé le sexe : sexualité normale ou perverse, masculine ou féminine, hétérosexuelle ou homosexuelle.

Deux analytiques du sexe cohabitent donc désormais au champ freudien, tandis que, troisième bizarrerie, il en va de même chez… Platon, tout au moins Platon lu par David Halperin.

Avoir conçu le sexe en tant que « rapport » a été un geste différent de l’ajout d’une touche supplémentaire apportée dans l’érotique freudienne. D’autres catégories sont ainsi apparues, qui se distinguent terme à terme des premières sans pour autant s’y substituer : Autre de désir / Autresexe ; loi sexuelle / rapport sexuel ; anormalité / normalité manquante ; diversité sexuelle / érotisme commun ; aliénation / liberté ; fonction phallique / vrai trou (qui n’est pas celui que l’on croit).

Bibliographie

Jacques Lacan, Transcriptions et textes sur le non-rapport sexuel, dispersés ici et là.

David Halperin, « Platonic Erôs and What Men Call Love », Ancient Philosophy, vol. 5, issue 2. Téléchargeable sur Internet.

Jean Allouch, L’Autresexe, Paris, Epel, 2015.

Participation aux frais : 40 €. Étudiants,10 €.