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ñácate. Les connaisseurs du “lunfardo” (argot) font la comparaison de “ñácate” avec d’autres expressions comme “zas!”, “zácate!” et “tácate!”[1]; curieusement ils définissent ce mot comme une onomatopée. Tous conviennent qu’il évoque quelque chose qui fait coupure, qui met un point; mais aussi qu’il suggère un événement violent, absurde, inattendu. Le Diccionario del español del Uruguay[2] propose pour ce mot une origine qui viendrait du quechua ñaka. Selon les dictionnaires quechua-espagnol/simi taque queswa-espagnol, ñaka signifie malédiction ou blasphème. Alors que ña signifie “déjà, déjà fait” en quechua, ñak’a signifie “difficulté, sacrifice, pénurie”.

ñácate. La plupart des dictionnaires de la langue espagnole définissent la lettre ñ comme la quinzième lettre de l’alphabet. Depuis Antonio de Nebrija, auteur de la Gramática de la lengua castellana[3], la première grammaire normative, publiée en 1492, on soutient que la lettre ñ ne s’utilise qu’en espagnol. Sorte d’empreinte de notre langue, signature enfin. De la même famille que la lettre n elle s’en distingue par un petit trait qu’elle porte au-dessus. Apparemment, au-delà d’autres utilisations plus anciennes, ce trait a été limité à cette lettre à partir du XIVe siècle. Après six siècles un fait assez curieux a eu lieu: le gouvernement d’Espagne a interdit l’importation d’ordinateurs dépourvus de la lettre ñ au clavier, ou qui ne pouvaient pas la reproduire à l’écran et l’imprimer. La Communauté Économique Européenne avait souhaité l’élimination de cette lettre gênante dans l’intérêt du marché libre. “Le royaume d’Espagne a été bouleversé: le nom du pays, (España) l’ethnonyme, les montagnes, (montañas) le nom populaire pour le sexe de la femme (coño[4]), les mots niñez, ñoñez, años, añoranza […] mañas, dueños, sueños[5] […] allaient disparaître »[6]. Et aussi l’argot pour ñapa, cafaña, ñapado[7] et, surtout, ñácate. Nous connaissons la fin de l’histoire. L’Espagne a gagné cette petite guerre et la lettre ñ continue toute pimpante ici et là-bas, comme au début de ce mot fuyant et un peu ancien ñácate.

ñácate. Les temps changent et obligent la revue à exister non seulement en papier: en réponse aux innovations technologiques, aux nouvelles voies pour se rapprocher du public, ñácate se (ré)invente dans la digitalisation croissante et irrépressible des média. Non seulement elle aura des références ou citations au bas de page, mais encore des nouveaux “langages” (des fichiers audio, vidéo ou images) seront mis à la disposition des lecteurs. Ce sera aussi une manière de réduire les distances géographiques. Notre page web a plusieurs entrées : certaines déjà connues par le lecteur assidu de ñácate–celles déjà publiées sur papier et, en plus, des productions actuelles, plusieurs d’entre elles inédites sous d’autres formats, se côtoient sur l’écran.

[1] Expressions en espagnol similaires à “hop”, “vlan”, “mazette!”. [NDT.]

[2] Dictionnaire d’espagnol de l’Uruguay [NDT.]

[3] Grammaire de la langue espagnole. [NDT.]

[4] Mot en espagnol pour con. [NDT.]

[5] Mots en espagnol pour enfance, niaiserie, années, nostalgie, […] habileté, propiétaires, rêves… [NDT.]

[6] Carlos Liscano, “Su Majestad la Ñ y la lucha por la tecla única, dans Lengua curiosa, Ediciones del caballo perdido, Montevideo, 2003.

[7] Ñapa: mot pour parler de quelque chose de gratuit, gratuité. Cafaña : homme vil, sans dignité. Ñapado: quelque chose qu’on a saisit, qu’on a prit. [NDT.]

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