Photo_Fond

Évider l’évidence ?

Atelier


Dernière date

27 Avril 2024 - Paris

Atelier 2023-2024 à l’école lacanienne de psychanalyse
proposé par François Dachet et Estelle Delorme

Toutes les dates


  • 23 Septembre 2023

    14 Octobre 2023

    18 Novembre 2023

  • 9 Décembre 2023

    13 Janvier 2024

    10 Février 2024

  • 23 Mars 2024

    27 Avril 2024

Argument


Atelier 2023-2024 à l’école lacanienne de psychanalyse

proposé par François Dachet et Estelle Delorme

 

 

Évider l’évidence ?

 

 

Il s’agit de continuer à mettre en résonance les lieux d’analogie entre pratique théâtrale et pratique analytique. Et après un temps d’exploration, d’aller au-delà des « simples » métaphores conceptuelles (scène /autre scène, identification / distanciation, etc.). Prenons l’impératif avancé par Lacan au fil des derniers séminaires : évider l’évidence. Au couvert d’un trait d’esprit, l’homophonie est choisie de préférence à la supposition d’un symptôme. Cette façon de s’y prendre est déjà présente dans la séance du 9 juin 71 au cours de laquelle Lacan met en relation la transformation des façons dites « hystérie » de prendre la parole après Freud, et le « refroidissement » par Bertolt Brecht des pratiques théâtrales ancrées dans la mimesis aristotélicienne. Mais à quelles conditions traiter comme équivalentes subjectivation et subjectivation politique ?

Dans l’un des comptes-rendus que Max Graf a adressé à Freud à propos de son fils on trouve ceci : le dimanche 15 mars 1908, Herbert Graf encore sous l’emprise des tensions phobiques accompagne son père à Lainz, dans la banlieue de Vienne. Lacan lit qu’il l’emmène chez sa grand-mère. Il attribue même à celle-ci un surnom, la Lainzaine. Mais il ne parle pas du grand père. Max Graf a pourtant pris soin de faire savoir que celui-ci meurt quelques semaines après. Et qu’à la suite de son décès il a, lui, ce fils dont le père n’admettait pas la vocation de musicien, écrit une pièce de théâtre. Mais sans préciser pour quel public.

Peu de temps après la visite à Lainz, Herbert Graf accompagne à nouveau son père, cette fois chez Freud. Dans le cas qu’il rédige quelques mois après, celui-ci rend compte à son tour : au cours de la conversation l’enfant a dit, constatant le peu de circulation hippomobile dans les rues de Vienne ce jour-là : « Comme c’est intelligent de la part du bon dieu d’avoir déjà supprimé les chevaux ». Freud a trouvé Herbert bien spirituel ! S’en sont suivies quelques supputations hasardeuses : qui donc était supposé tenir le rôle du bon dieu dans cette affaire ? Finalement, après avoir conversé avec Herbert Graf, Freud a renoncé à présenter le « petit Hans » en conférence introductive au Congrès de Salzbourg.

Si l’appréhension du monde nécessite une mise en scène – qu’elle soit divine, naturelle, scientifique, etc. – voilà un traitement efficace, bien qu’il ne soit pas psychopathologique. Encore faut-il que ladite mise en scène tienne le coup et que ses limites puissent être éprouvées… Sinon, les critiques seront impitoyables.

René Descartes, parmi bien d’autres à son époque, avait posé une question assez voisine. Et sous cet angle, nous avions commencé à entrapercevoir dans le texte du séminaire du 9 juin 1971, l’incidence de la rencontre ? de la juxtaposition ? du théâtre brechtien, de la critique de l’aristotélisme, et de l’affirmation qu’« il n’y a pas de père symbolique ». Qu’il s’agisse de la lecture d’un cas ayant déjà fait école, d’effaçons d’en écrire, ou d’élaborer à plusieurs les sollicitations de la parole dont chacun-e est travaillé-e, comment parole et écriture mettent-elles en scène… sans y penser ? L’expression de la Poétique d’Horace dans l’usage censuré qui en est le plus souvent fait, ut pictura poiesis, révèle à cet endroit précis ses faiblesses.

 

 

§

Pistes de lecture

Arasse Daniel, Le détail, Flammarion, 1992-2021. L’édition grand format est plus lisible.

Avant-scène Opéra, Opéra et mise en scène, n° spéciaux 241, 2007, & 269, 2012.

Brecht Bertolt, Théâtre épique, théâtre dialectique, L’Arche, 1999, Ed. or. 1991.

Brecht Bertolt, Petit Organon pour le théâtre. Plusieurs éditions et traductions.

Joseph Danan, Qu’est-ce que la dramaturgie ? Actes Sud-Papiers, 2012.

Descotes Maurice, Histoire de la critique dramatique en France, G. Narr et J.M. Place, 1980.

Freud Sigmund, Le trait d’esprit dans ses rapports avec l’inconscient, Ed. or. Vienne, 1905.

Freud Sigmund, Personnages psychopathiques sur la scène, Supplément au n° 3 de L’unebévue, 1993.

Graf Herbert, Mémoires d’un homme invisible, Epel/L’unebévue, 1993.

Graf Herbert, Wagner Metteur en scène, Cahiers de L’unebévue, L’unebévue éditeur, 2011.

Lacan Jacques, Le théâtre dans les séminaires et écrits de Jacques Lacan… au choix.

Lacan Jacques, séminaire 56-57, La relation au manque d’objet ; couramment intitulé La relation d’objet et les structures freudiennes.

Rancière Jacques, Le spectateur émancipé, La fabrique, 2008.

Reinhardt Max, Choix de textes, Actes-sud Papiers, 2010.

Silhouette Marielle, L’avènement du metteur en scène, PUPS, 2017.

Silhouette Marielle, « De nouvelles formes pour de nouveaux contenus », Études Germaniques, 2008/2. n° 250), https://www.cairn.info/revue-etudes-germaniques-2008-2-page-355.htm

§

Les participant-e-s se réunissent au local de l’école lacanienne de psychanalyse,

212 avenue du Maine, 75014, Paris, de 14h à 16h30 les samedis

23 septembre, 14 octobre, 18 novembre (rencontre avec le metteur en scène Frédéric Ferrer), 9 décembre 2023, 20 Janvier, 17 février, 16 mars, 13 avril 2024

Code d’accès à l’immeuble, 926B5, puis sonner au 46.

Participation aux frais 10€, étudiants 5€.