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LE SIGNE COYOTE

Clinic Zones


Dernière date

5 Juin 2016 - La Ciotat

 CERCLES ET LIGNES DE SORCIERES

LE SIGNE COYOTE

LA CIOTAT LES 4 ET 5 JUIN 2016

Samedi de 9h à 18h – Dimanche de 9h30 à 16h

Intervenants

Xavier Leconte – Rosine Liénard – Anne Marie Ringenbach
Mayette Viltard – Marie Jardin – Jean-Hervé Paquot
avec
Françoise Jandrot – Luc Parisel – Colette Piquet
Marie-Magdeleine Lessana – Anne-Marie Vanhove – François Dachet – Ninette Succab  Michèle Duffau

 

 

 

Toutes les dates


  • 4 Juin 2016

    5 Juin 2016

Argument


Au fil des lectures de

Rêver l’obscur. Femmes, magie et politique

 

« Ce livre commence par une conversation qui s’enroule comme le ruban noir d’une route tandis que nous longeons des vergers d’amandiers et des champs de moutardiers sauvages. Nous rentrons en voiture après une réunion de femmes, mes amies Lauren, Kerry et moi ». Première page de Rêver l’obscur.
Ce que Starhawk problématise est toujours concret, situé, nommé, décrit, ressenti, et en mouvement.

Le double sens de la surface, la continuité de l’envers et de l’endroit, remplacent la hauteur et la profondeur. Rien derrière le rideau sauf des mélanges innommables. Rien au-dessus du tapis, sauf le ciel vide. Le philosophe n’est plus l’être des cavernes, ni l’âme, ni l’oiseau de Platon, mais l’animal plat des surfaces, la tique, le pou. Logique du sens.

Cyborgs, coyotes and dogs, A kingship of feminist figurations. Donna Haraway.

Par quelle sorte de ruse s’exerçait le prestige du signe ?
Pierre Klossowski postface aux Lois de l’hospitalité, Gallimard, 1965.

Nous ne savons plus du tout ce que c’est que les dieux. N’oublions pas que nous sommes depuis quelques temps sous la loi chrétienne, et pour retrouver ce que c’est que les dieux, il faut que nous fassions de l’ethnographie. Lacan, L’éthique de la psychanalyse. Frédérique Ildefonse répond qu’elle ne fait pas de l’ethnographie, elle parle d’expérience de terrain. « Le polythéisme n’est pas une survivance il est vif et bien présent presque partout ». Il y a des dieux, Frédérique Ildefonse, Puf, 2012.
Le rituel permet d’échapper au harcèlement du sens, il permet qu’il y ait insignifiance et que cette insignifiance soit quelque chose qui puisse être désiré. Mais aussi, il lève l’exclusivité d’un rapport à soi, devenu dominant et néfaste. Nous pouvons donc réclamer d’autres gestes, d’autres liens, pour nos propres existences.

Les sorcières vouent un culte à la nudité. Elle est une voie pour établir avec minutie les masques sociaux au fur et à mesure qu’on s’en dépouille, le pouvoir se montre ou se défait plus facilement. Le corps humain est sacré. « Tous les actes d’amour et de plaisir sont mes rituels ».

Pour beaucoup d’entre nous, la « bataille de Seattle » a été ce que certains nomment une « prise de conscience », mais que les sorcières appellent un « acte de magie ». Ce qui ne signifie pas du tout l’intervention d’un pouvoir mystérieux et fascinant, surnaturel. Mais parler de magie n’est pas non plus réductible à une métaphore. Car ce qui compte est la manière dont les mots agissent. Cette manière n’est pas (que ?) dans les mots elle est dans leur agencement à condition d’entendre que le terrain et le collectif font partie de cet agencement.

Le signe coyote, ce rusé, ce tricheur, ce prestidigitateur, agit dans l’entre-deux, l’interstice, cet espace qui s’ouvre comme frange de sens tel que Deleuze en repère la première occurrence chez les anciens stoïciens et qu’il le voit fonctionner chez Lewis Carroll mais aussi chez Klossowski, (Les corps-langage), espace-même que Leclaire et Laplanche avaient fermé.
On pourrait dire que Seattle fait « signe ». Mais insistons sur une différence : il ne s’agit pas d’un « indice » (qui prouverait l’existence d’un profond mouvement de résistance) ni d’une « icône » (Seattle ne nous donne rien à entendre ou à contempler) et surtout pas d’un « symbole » (Seattle ne nous place pas en position d’interpréter). À l’écart des classifications de Peirce (indice, icône, symbole), qui appartiennent à une théorie de la connaissance, le « signe » de Seattle n’a pas pour enjeu une référence à une réalité à connaître ou à comprendre, mais une production d’existence, dont l’efficace doit se dire en terme de devenir. Ce signe n’existe que pour ceux et celles qui se posent la question de comment y répondre. Il n’y a pas d’autre signification que les réponses que ceux-là, et celles-là, sont capables de lui donner. La signification, ici, se fait sentir comme ce qu’elle est, de fait, toujours en premier lieu : une production, une création, un apprentissage et surtout pas une interprétation qui tenterait de remonter aux « états de choses » ou aux « intentions » de qui fait signe. Isabelle Stengers,

Négliger que la fumée soit le signe du feu, ou le signe du fumeur. Nous voyons de la fumée, ou encore, je suis atteint par une vision de fumée, ou bien… ?

Le signifiant est toujours visagéifié. Le visage, ou corps du despote ou du dieu, a comme un contre-corps, le corps du supplicié, ou mieux encore, de l’exclu. Défaire le visage, c’est la même chose que percer le mur blanc du signifiant, sortir du trou noir de la subjectivité. Si le visage est une politique, défaire le visage en est une aussi, qui engage des devenirs-réels, tout un devenir-clandestin. Mille plateaux.

Le Bloom n’est d’abord qu’une hypothèse, mais c’est une hypothèse qui est devenue vraie : la « modernité » l’a réalisée ; une inversion du rapport générique s’y est effectivement produite. L’être communautaire qui, dans les sociétés traditionnelles, s’affirmait en outre comme homme privé, comme homme singulier est devenu pour lui-même un homme privé qui s’affirme en outre comme être communautaire, comme être social. La république bourgeoise peut se flatter d’avoir donné la première traduction historique d’envergure, et tout compte fait le modèle, de cette aberration remarquable. En elle, de manière inédite, l’existence de l’homme en tant qu’individu vivant se trouve formellement séparée de son existence en tant que membre de la communauté. Tiqqun. Théorie du Bloom.

Dans les derniers travaux de Foucault, il y a une aporie très intéressante, il faut se soucier de soi, dans toutes les formes de pratique de soi et en même temps, il faut se déprendre de soi. Il dit plusieurs fois : « On est fini dans la vie si l’on s’interroge sur son identité ; l’art de vivre, c’est détruire l’identité, détruire la psychologie. » Il s’agit vraiment d’identifier cette zone, ce no man’s land qui serait entre un processus de subjectivation et un processus contraire de désubjectivation, entre l’identité et une non-identité. Il faudrait identifier ce terrain, parce que c’est ce terrain qui serait celui d’une nouvelle biopolitique. Agamben.

Devenir imperceptible en remontant pas après pas vers Jussieu. Je bifurque vers la gauche et me perds une fois de plus dans le Jardin des Plantes. Allons voir ma copine la tortue. J’ai souvent parlé à Gilles de cette amie tortue dont la vie semblait une énigme. Elle a sûrement lu Nietzsche, la tortue du Jardin des plantes. Nous en étions bien d’accord… entre un whisky et la traduction du fragment Aiôn paidos de l’Obscur par Clémence Ramnoux. Entrée en captivité en 1870, avant l’héroïque Commune de Paris, la tortue est toujours là, immense et vaillante. Quel âge avait-elle lors de sa capture, de son long transit et de son entrée à Paris en 1870 ? La tortue n’est certes pas l’animal du concept, mais la juste incarnation de la lenteur et de l’improbable : Zénon l’éléate, le célèbre paradoxe, les mouvements de vitesse et de lenteur. Richard Pinhas Ile de Ré avril 1997.

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES


Inscriptions sur place à 9h .

Hôtel du Vieux Port 252, quai François Mitterrand

Formation permanente 275€. A titre individuel 100€. Tarif réduit 50€

CLINIC ZONES. 110 Bd Raspail 75006 PARIS cliniczones@wanadoo.fr

Direction et coordination : Mayette Viltard, Anne-Marie Ringenbach