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L’éclipse du symptôme. L’observation clinique en psychiatrie, 1800-1950

Bookanalyse


Dernière date

8 Décembre 2022 - Paris

Francisco Alsina, Inés Crespo, Laurent Gillette et Yan Pélissier

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  • 8 Décembre 2022

Argument


BOOKANALYSE
Invite Steeves Demazeux pour

 

L’éclipse du symptôme
L’observation clinique en psychiatrie, 1800-1950
Éditions Ithaque

 

« Il n’y a rien de plus odieux dans la connaissance que trop d’exactitude. »
Sénèque, cité dans Edgar Allan Poe, The Purloined Letter,
in Tales of Mystery, Imagination and Humour. And Poems [1852] ,
Cambridge University Press, 2013, p. 175

 

 

Après son indispensable livre sur le DSM en 2013, (Qu’est-ce que le DSM ?), Steeves Demazeux poursuit son investigation diagnostique de la psychiatrie en nous livrant une histoire de l’observation clinique telle qu’elle s’y est déployée depuis les débuts du XIXéme siècle. Plutôt que sur la folie ou la maladie mentale ou encore la classification, la focale est ici réglée sur le symptôme, et l’auteur n’hésite pas à parler d’un moment de stabilité de la psychiatrie à son égard, ce qui pourra déjà en étonner quelques-uns. Non moins surprenant, cette stabilité n’est pas rapportée à la pureté momentanément (re)trouvée d’un regard qui définirait le génie clinique des maîtres de l’époque classique mais à l’état d’équilibre de l’instrumentation des psychiatres à la fin du XIXème, leur « appareil sémiologique ». Le propos du livre est donc de rattacher la psychiatrie au paradigme indiciaire, mais aussi de le dépasser en poussant tout au long de l’ouvrage l’analogie entre le clinicien et le détective, en reprenant le point de vue des travaux d’épistémologie historique de Daston et Galison sur l’histoire de l’objectivité, en réinscrivant la clinique psychiatrique dans l’histoire de l’observation scientifique.

Et c’est au gré des efforts scientifiques de psychiatres s’accommodant sur le symptôme que Steeves Demazeux raconte l’inexorable éclipse du symptôme par le nombre. Retraçant la place décisive du recoupement quantitatif, du calcul des probabilités, de la statistique dans cet appareil sémiologique et ce dès les débuts de la psychiatrie sur notre continent, il met aussi en lumière la place que le nombre est finalement est venue prendre au XXéme siècle dans la psychiatrie américaine et mondiale. Dans ce remplacement transatlantique du symptôme-indice par ce qui n’était initialement que son complément indiciaire, le nombre, une figure médiane ressort avec force, celle du français Pierre-Charles-Alexandre Louis (1787-1872), dont « on peut presque dire qu’il a inventé le clinicien américain » !

 

Débat avec Steeves Demazeux

Jeudi 8 décembre à 20h30

au local de l’École lacanienne de psychanalyse

212 avenue du Maine, 75014 Paris (métro Alésia)

Digicode 358A1, interphone 46, 2ème étage

Entrée libre