Comment influencer et séduire un public ? Comment emporter l’adhésion des foules, conclure un discours sous un tonnerre d’applaudissements ? En Grèce et à Rome, on s’exerce aux techniques de la rhétorique et aux subtilités de la langue, mais ce n’est qu’un aspect des exigences de l’art oratoire : pour convaincre, émouvoir, charmer, il faut un corps et, surtout, il faut une voix.
Une voix profonde et masculine ? Pas forcément. Maud Gleason nous guide dans les assemblées, les tribunaux, les places publiques où officient les orateurs sophistes du monde gréco-romain. On y croise les stars de l’époque : Favorinus, à la voix chantante et à l’élégance féminine, fait vibrer aussi bien les hommes que les femmes ; Polémon, homme politique et déclamateur à la virilité affichée, « lit les visages » grâce à ses talents de physiognomoniste et débusque les efféminés qui s’ignorent comme ceux qui s’avancent masqués.
Mascarades masculines dresse une cartographie des systèmes de genre à la fin de la République et sous l’Empire : point d’identité de sexe naturelle, mais des corps et des voix construits, travaillés, formés, qui révèlent des logiques érotiques et sexuées fort différentes des nôtres.
Maud Gleason est professeur à l’Université de Stanford, où elle dirige le département des études classiques. Ses recherches portent sur les Grecs et leur culture dans l’Empire romain. Elle est l’auteur d’études portant sur la question du corps chez Galien et Jérôme, et a publié des nombreux travaux sur les questions de genre, de religion, d’identité et de mise en scène de soi.
Maud W. Gleason, Making Men: Sophists and Self-Presentation in Ancient Rome. Princeton: Princeton University Press. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sandra Boehringer et Nadine Picard.
Les grands classiques de l’érotologie moderne
Candidat à l’intégration sociale, l’homosexuel est devenu une figure du possible, un personnage respectueux et respectable, un citoyen normal. Lee Edelman fait bien plutôt valoir que, paria politique et social, emblème du gaspillage, de la non-productivité et du non-sens, l’homosexuel est nécessairement et fatalement impossible.
En présentifiant ainsi et pour tous l’impossibilité comme telle, il subvertit le privilège jusque-là réservé à l’hétérosexualité de s’ignorer elle-même.
L’œuvre d’Edelman a suscité la colère d’une droite homophobe tout autant que celle d’une gauche bien-pensante.
Lee Edelman est l’un des fondateurs de la théorie queer. Avec Gayle Rubin, Monique Wittig, D. A. Miller, Eve Kosofsky Sedgwick, Judith Butler, Teresa de Lauretis, Leo Bersani et Michæl Warner, il fait partie du petit groupe de critiques qui ont donné à la pratique des études gaies et lesbiennes son dynamisme théorique.
Sommaire
Préface, par David Halperin
Homographèse : identité corporelle et différence sexuelle
Voir des choses : la représentation, la scène de surveillance et le spectacle du sexe gai
Le bien pisser : Freud, Hitchkock et le pénis en miction
L’épistémologie des W.C.
La partie pour le t(r)ou : Baldwin, l’homophobie et la fantasmatique de la “race”
Le miroir et l’auto-mitrailleuse : sida, subjectivité et rhétorique de l’activisme
Le futur est un truc de gosse
Contre la survie : Hamlet et la blessure du nom