…du mouvement

École lacanienne de psychanalyse – 2024-2025

Atelier proposé par François Dachet et Estelle Delorme

…du mouvement

Qu’il s’agisse de la freudienne « scène des rêves » ou de la « dramaturgie des séances » de Lacan, les mots qui disent les paysages et les intrigues du théâtre s’entendent de façon analogique dans le champ de l’analyse. Pour ce qui s’y dit comme pour ce qui s’en dit.

Depuis la fin du 19e siècle, les gens de théâtre ont accompagné l’émergence de la psychanalyse. Ce qu’applaudit Lacan à propos du « refroidissement » qu’un Brecht apporte aux pratiques théâtrales dont il hérite : la distanciation à produire entre salle et scène, dont le but est de prévenir l’identification des acteurs à leur rôle et des spectateurs aux acteurs.

De quel ordre cette identification est-elle? S’agit-il dans le vocabulaire freudien de celle qui produit « un public », ou de celle qui produit « des masses »? De celle qui est censée provoquer la trop célèbre catharsis ? Laquelle permet d’élaborer correctement les problèmes que semble poser aujourd’hui en divers lieux de la société la multiplication des espaces de scénarisation portables ? En particulier lorsque les éléments de langage tiennent lieu de parole et l’écran d’interlocuteur.

Ce retour actuel vers l’hypnose invite à s’intéresser de plus près aux nouveaux venus (en 1964 !) dans la catégorie objets de la pulsion : la voix et le regard.

Que produit chez un enfant la confrontation à l’image du miroir ? Lacan décrit le suspens d’une attitude qui viserait à fixer un aspect instantané de l’image : l’anticipation d’une stature.

De même Freud a-t-il décrit le mouvement soutenu qui, à travers les escaliers de l’église san Pietro in vincoli le faisait accéder jusqu’aux pieds de la statue du Moïse de Michel-Ange : à ce moment il se figeait « sous le regard courroucé du héros ». C’est en un troisième temps que Freud revient sur les deux premiers et tente de rendre compte de ce pour quoi Le Moïse de Michel-Ange lui fait un tel effet, l’impression d’énigme que lui laisse ce tableau.

Erri de Luca devant la toile Le Père de Marek Chagall cherche à deviner, à partir de ce qu’il voit ou des souvenirs de ce qui s’est produit, les choses cachées, secrètes dont parle Freud : mais celles-ci ont-elles eu lieu ? Ou sont-elles restées non nées, à produire ? Son retour à la relation père-fils emmène Erri de Luca jusqu’à cette histoire d’Abraham qui ne fait pas la différence entre un ordre et une invitation.

Comment traite-t-on dans la parole en tant que montage l’alternance de mouvements, de figements et de retours qui rythment les moments d’une vie ? Dans maints travaux d’esthétique ou d’histoire de l’art, les lecteurs butent sur cette question.

L’Atelier se réunira un samedi après-midi par mois, au local de l’E.l.p. 212 avenue du Maine, 75014, de 14 à 17 heures les samedis : 21 septembre, 12 octobre, 30 novembre 2024, 11 janvier, 1er février, 1er mars, 5 avril, 17 mai 2025.

Participation aux frais 10€, étudiants 5€

Informations : écrire à François Dachet – fr.dachet@gmail.com

Quelques ouvrages ou textes qui ont contribué à l’écriture de cet argument :

Erri de Luca, Grandeur nature, Gallimard, 2023. – Bertolt Brecht, Petit organon pour le théâtre, Arche, 1997. – Tzvetan Todorov, Éloge de l’individu, Essai sur la peinture flamande de la Renaissance, Points essais, Adam Biro, 2004. – Marielle Silhouette Max Reinhardt. L’avènement du metteur en scène, Paris, PUPS, 2017 – Sigmund Freud, Psychologie des masses et analyse du moi, plusieurs éditions et sous ce titre, Œuvres complètes, Paris, PUF.- Jacques Lacan, Transcription du séminaire Les fondements de la psychanalyse, 1964-65, version e.l.p. ou stafairela, en particulier ce qui concerne les pulsions et ce qui y mène. – Hommage fait à Marguerite Duras du ravissement de Lol V. Stein, Pas tout Lacan, site de l’E.l.p. ou Cahiers Renaud-Barrault, Paris, Gallimard, 1965, n° 52, pp. 7-15. – Sigmund Freud, Le Moïse de Michel-Ange, in L’inquiétante étrangeté et autres essais, Gallimard, Folio essais, 1985. – Daniel Arasse, Le détail, pour une histoire rapprochée de la peinture, Flammarion, 2021. – Sigmund Freud, Pulsions et destin des pulsions, 1915, plusieurs éditions en poche.

Crédits de l’image : Marek Chagall, « Le père » (détail), 1911, huile sur lin, 80 x 44,2 cm.