Du trait à l’écrit- II

George-Henri Melenotte

Sûrement : Le 10 janvier 1978, Lacan dit : « Il y a sûrement de l’écriture dans l’inconscient ». S’il conjecture le lieu d’une telle écriture, on ajoutera : de l’écriture à la lettre. S’ensuivent ces questions : « Que devient alors la parole ? Et avec elle, le signifiant ? La parole serait-elle indissociable de l’écrit ? »

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Pourtant : Avec la lettre, c’est bien à une expérience de l’écrit à laquelle Lacan nous invite. Ne dit-il pas lors de la séance du 17 février 1971 : « On peut écrire donc des tas de choses, sans que ça parvienne à aucune oreille. C’est pourtant écrit. » « Pourtant » indique que ce qui est écrit ne doit pas parvenir à un œil, mais à une oreille. Est ainsi suggéré que ce qui s’écrit s’entend. Que cela s’entende demande que l’on précise : s’entende comme écrit. Pourtant, l’on n’entend jamais que la parole. Il faut en conclure que c’est la parole qui véhicule l’écrit. Lui-même se donne à entendre. La parole est indissociable de l’écrit avec une antécédence de la parole sur l’écrit. Parler revient à écrire. Écrire peut faire retour sur la parole

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Bien sûr : Toujours dans la même séance, Lacan force le trait d’un bien sûr : « C’est de la parole bien sûr que se fraie la voie vers l’écrit. »

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–Sur l’acte d’écriture : Quelle est cette lettre nouvelle qui apparaît en1971 ? Nous avons vu qu’elle n’était pas sans effet : chatouillement, vertige, sentiment esthétique, courage du non-savoir. Cette fois, un nouveau registre apparaît. A-t-on jamais entendu une lettre ? A-t-on vu monter une rumeur venue des livres dans une bibliothèque ? Quoi de plus silencieux qu’une lettre sur une page ? Elle est silencieuse comme la pierre. Eh bien, tel ne sera plus le cas avec la lettre de Lacan. Elle s’entend. Lire revient à retrouver la parole perdue dans le papier sans que le texte qu’elle produit ait du sens.

–La bibliographie se fera au fil du séminaire.