Jacques Lacan, analyste
Séminaire
Dernière date
17 Septembre 2022 - Asunción
Séminaire de José Assandri
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17 Septembre 2022
Argument
Jacques Lacan, analyste
Séminaire de José Assandri
− Je suis venue hier, mais vous n’avez pas pu me recevoir, vous étiez au lit.
− Comment? Mais bien sûr je pouvais, à ce moment-là, vous recevoir.
Jean Allouch, Les impromptus de Lacan, p. 38
C’est au cours de la même année où Jacques Lacan publia sa thèse intitulée De la psychose paranoïaque dans ses rapports avec la personnalité qu’il commença sa pratique analytique. Et bien qu’il eût continué à présenter des cas, il n’en a plus jamais fait un compte rendu in extenso comme il l’avait fait dans sa thèse. À la différence de Freud, pour qui le récit des cas faisait partie de sa méthode, Lacan a rarement fait allusion aux patients qu’il recevait dans son cabinet. Cette discrétion n’a pourtant pas empêché qu’une partie de ce qui s’y passait parvienne au grand public, sous le mode du « dit-on ». C’est ainsi en effet que Jean Allouch aboutit à un recueil de ce qu’il appela « les bons mots de Lacan », dont la première version fut publiée en 1988. Si dans les deux premières éditions de ces « bons mots », Allouch prit soin d’ajouter en bas de page des indications de lecture, ses éditions ultérieures furent à tel point épurées que seul a subsisté le titre de chacun de ces mots. En dépit du lien de parenté étroit entre vérité et connerie qu’il se chargea de souligner, ces bons mots sont devenus des touches anonymes qui semblent inviter le lecteur à compléter le tableau dans lequel a été dit ou dans lequel s’est déroulé le récit. Celui qui les lit est appelé non seulement à déchiffrer ce qui y est dit, mais également à s’interroger sur ce qu’il y ajoute lui-même.
Ce registre fragmentaire des bons mots de Lacan joue en toile de fond des récits que certains ont fait publier après sa mort sur les analyses qu’ils ont faites avec lui. Ne disposant pas de la version de Lacan – à l’inverse de Freud, dont les analyses étaient parfois doublées des versions des patients (c’est le cas notamment de l’Homme des loups ou de la jeune fille homosexuelle), les livres qui évoquent les analyses de Lacan, ouvrent-ils accès à Lacan analyste ? Ces initiatives des analysants soucieux de raconter et de rendre publiques leurs séances soulèvent de nombreuses questions. S’agit-il de témoignages ? Si oui, de quel genre ? Témoigner ainsi, est-ce remettre en cause la dimension privée de l’analyse ? Quels effets ces auteurs recherchaient-ils ? Ces écrits ont-ils permis des illuminations aux auteurs ? Leur ont-ils apporté des éclaircissements ? Ce mode de divulgation permet-il de rapprocher ces récits de ce que Lacan attendait de sa proposition du passage et de jeter ainsi une autre lumière sur ce qui a lieu au cours d’une analyse ?
Parmi ces récits, celui de Jean-Guy Godin − Jacques Lacan, rue de Lille n°5 − nous permet des explorations à plusieurs égards. Au-delà de sa condition en tant qu’analysant, Godin offre une vision d’une époque où les choses avaient l’air d’arriver comme si la seule présence de Lacan suffisait à produire des effets. Or, avec Godin cela comporte un complément significatif. Etant donné que l’un de ses propres analysants a parlé de son analyse et de son analyste dans un film (Nos inquiétudes), Godin s’est vu contraint de faire certaines précisions consignées dans un petit texte (« Une présence faite d’absence »). Ces étranges jeux de reflets sont l’occasion de tenter d’explorer les particularités de ce dévoilement public d’une analyse, qui plus est, conduite par Lacan.
Il est possible que les cas de Freud se rapportent à ce qu’il postulait comme l’« indifférence » de l’analyste, à la manière du chirurgien (et non, comme on le prétend d’ordinaire, à une « neutralité bienveillante »), alors que l’absence de cas chez Lacan s’explique peut-être par sa formulation du désir de l’analyste. Autant de changements qui ne seraient pas simplement des changements d’époque. Ce n’est pas par hasard que Lacan fit remarquer (le 19 décembre 1962) que ceux qui l’écoutaient − ceux qui fréquentaient ses séminaires et conférences − et qui se faisaient aussi écouter par lui, c’est-à-dire, ses analysants, qui écoutaient et se faisaient écouter, pourraient ainsi faciliter l’accès à la reconnaissance de leur propre chemin. Et qu’en l’écoutant et en se faisant écouter, ils « apprennent au moins à mieux lire ». Car ce qui comptait pour lui, c’était de reconnaître « dans les propos de ceux que j’analyse autre chose que ce qu’il y a dans les livres. Inversement, pour eux, c’est qu’ils sachent dans les livres reconnaître, au passage, ce qu’il y a effectivement, dans les livres ». Ces propos peuvent être pris pour un avertissement : l’imitation de Lacan risque de friser le ridicule. Mais ils peuvent aussi être pris pour une indication : autrement dit, c’est à chacun de nous de réinventer la psychanalyse afin que nos lectures soient aussi justes que possible.
17 septembre 2022
De 8h30 à 12h30 et de 14h00 à 17h00
Alliance Française, Sala Galería
Mariscal Estigarribia 1039
Participation aux frais 200.000 Gs.
Étudiants 100.000 Gs.
Asunción, PARAGUAY
Para mayor información:
elpparaguay@gmail.com
sofcas1960@gmail.com
Bibliographie :
Agamben, G., Lo que queda de Auschwitz. El archivo y el testigo, Pretextos, Valencia, 2010. (Primer capítulo y el último).
Allouch, J., 213 Ocurrencias con Jacques Lacan, traducción de Marcelo y Nora Pasternac, Sitesa, México, 1992.
Allouch, J., Hola … ¿Lacan? Ciertamente no, traducción Marcelo y Nora Pasternac, Edelp, Buenos Aires, 2001.
Allouch, J., La escena lacaniana y su círculo mágico, traducción Silvio Mattoni, el cuenco de plata, Buenos Aires, 2020.
Aragón González, L., “El testimonio y sus aporías”. Escritura e Imagen, Extra, 295-311. https://doi.org/10.5209/rev_ESIM.2011.37740
Attal, J., El pase, ¿a título de qué?, traducción Susana Bercovich, me cayó el veinte, México, 2012.
AA.VV, Quartier Lacan. Testimonios sobre Jacques Lacan, traducción de Horacio Pons, Nueva Visión, Buenos Aires, 20033.
Derrida, J., “Hablar por el otro”. Diario de Poesía. Buenos Aires, n° 39, 1996.
Felman, S., Testimonio. Crisis del testigo en la literatura, la historia y el psicoanálisis, traducción Susana Cella, Mármol Izquierdo, México, 2019. (Primer capítulo)
Godin, J-G., Jacques Lacan, calle de Lille N°5, traducción Víctor Goldstein, Ediciones de la flor, Buenos Aires, 1990.
Godin, J-G., “Une présence faite d’absence”, 2012. Disponible en: https://epsf.fr/carnets/n-87-septembre-octobre-2012/ Traducción al español de Marcelo Novas.
Lacan, J. “Proposición del 9 de octubre de 1967 sobre el psicoanalista de la escuela”, traducción de Gabriela Esperanza, en Otros escritos, Paidós, 2012, Buenos Aires.
Lacan, J., “Discurso en la Escuela Freudiana de París”, traducción de Gabriela Esperanza, en Otros escritos, Paidós, 2012, Buenos Aires.
Lacan, J., “El fenómeno lacaniano”, Entrevista de la revista Panorama, 21 de diciembre de 1974. Disponible en: https://psicoanalisislacaniano.com/jacques-lacan-entrevista-por-la-revista-panorama-1974-12-21/
Lacan, J., “Del Trieb de Freud y del deseo del analista”, en Escritos 2, traducción de Tomás Segovia, Siglo XXI, Buenos Aires, 2008.
Le Gaufey, G. El caso en psicoanálisis. Ensayo sobre epistemología clínica, traducción de Silvio Mattoni, Ediciones literales, EACLP, 2021, Córdoba.
Rosset, C., En aquellos tiempos, Libros de artefacto, México, 1993.
Viltard, M., “Los públicos de Freud”, Opacidades 8, Buenos Aires, 2014.
Filmographie :
Nos inquiétudes, dirección Judith du Pasquier, Francia 2003, hay versión subtitulada en
portugués: https://www.youtube.com/results?search_query=nossas+inquietudes
Crédits de l’image : Patrick Chambon, Lacan Ô Banquet de Platon