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Journée « S’analyser avec Lacan »

Journée


Dernière date

6 Mai 2023 - Montevideo

LA FACTORÍA
José Assandri, Paola Behetti,
Ana María Fernández, Mariana Marques Moraes,
Marcelo Novas, Adrián Villalba

Activité préalable : Le cas et le témoignage en psychanalyse
15 octobre 2022, 9 h. à 12 h. 30 et 14 h. 30 à 17 h. 30

S’analyser avec Lacan
6 mai 2023, 9 h. à 12 h. 30 et 14 h. 30 à 17 h. 30
After Hôtel, Arturo Prat 3755, Montevideo

Toutes les dates


  • 6 Mai 2023

Argument


LA FACTORÍA
José Assandri, Paola Behetti,
Ana María Fernández, Mariana Marques Moraes,
Marcelo Novas, Adrián Villalba

 

De ces vies que donc depuis près de 4 septénaires j’écoute s’avouer devant moi,
je ne suis rien pour peser le mérite.
[…] Je ne trahirai donc pas leurs secrets
triviaux et sans pareils. Mais il est quelque chose dont je voudrais
témoigner. À cette place, je souhaite qu’achève de se consumer ma vie

Jacques Lacan, « Conférence de Bruxelles sur l’éthique de la psychanalyse”, 1960

 

Dans l’espoir − ou dans la hâte − de diffuser sa méthode, Sigmund Freud rendit publiques certains de ces cas que l’on a appelés « histoires cliniques ». Jacques Lacan a pour sa part inauguré la pratique consistant à soumettre ces textes à « la discipline du commentaire », faisant valoir que le mode d’écriture de Freud permettait de nouvelles lectures. Certains des patients de Freud ont fait connaître leurs différences à l’égard de ces récits, notamment la jeune homosexuelle et le patient connu sous le nom de « l’Homme aux loups ». Ils ont tous deux contredit leur analyste, ouvrant ainsi d’autres voies de lecture et de nouvelles interrogations. Autant de développements éloignés des intentions de Freud[1].

Quant à Lacan, il choisit de son côté de ne pas rendre publiques les analyses de ses patients. Ce qui n’a pas empêché certains d’entre eux de s’exprimer sur ce qui avait eu lieu au cours de ces séances. Grosso modo, ces dires peuvent être séparés en deux groupes. Le premier, sous le mode d’impromptus, a permis de connaître ces dires ou ces actes de Lacan qui, transmis de bouche à oreille, sans préciser le nom de celui qui les fit savoir, pouvaient apporter une vue panoramique de Lacan dans son exercice analytique. L’autre modalité prit la forme des livres, publiés avec nom et prénom des auteurs, dont le récit in extenso pourrait dévoiler plus en détail ce qui se déroulait dans le cabinet de Lacan. À la différence de ce qui s’est passé avec Freud, rares sont ceux qui se sont intéressés à ces propos et à ces textes. Est-ce peut-être parce que ce qui y est dit ne se rapporte pas à ce que Lacan explorait et affirmait publiquement sur l’analyse ? Ces dires, ces textes, apportent-ils un autre éclairage sur la lecture des séminaires et des écrits lacaniens? Y aurait-il une crainte, voire un pacte silencieux qui empêche de lire ces récits et de les interroger, comme si cela pouvait contester ce que Lacan a dit et écrit ? Ceci est-il en rapport entre l’exercice analytique de Lacan, longtemps controversé et rejeté, en particulier, et ses séances courtes et ponctuées ?

Les bons mots de Lacan, dont le nombre a augmenté au fil du temps, ont été recueillis par Jean Allouch en quatre versions, dont la première, parue en 1988, sept ans après la mort de Lacan, en comptait 132. La dernière, en 2009, en a porté le nombre à 543. Dans la mesure où ces bons mots ont été recueillis sous la modalité du « dit-on » , presque à la manière d’une blague, à mi-chemin entre vérité et bêtise, c’est au lecteur de décider de l’importance qu’il y attache, de la place qu’ils pourraient occuper dans les parcours que chacun peut faire dans le cadre des séminaires et des écrits de Lacan. Si, pour certains, on peut y trouver des enseignements, pour d’autres, ces saillies ne méritent pas une attention sérieuse.

Une saison chez Lacan, de Pierre Rey (1989), Jacques Lacan, rue de Lille N°5, de Jean-Luc Godin (1990), Le perroquet et le docteur (1997) et Lacan ainda (2021) de Betty Milan, Le jour où Lacan m’a adopté. Mon analyse avec Lacan, de Gérard Haddad (2002). Quant à ces livres, dont la plupart présentés sous l’étiquette de « romans », il faut d’abord s’interroger sur le caractère de leurs récits. La mention du nom « Lacan » dans ces titres détermine clairement le public ciblé : celui des lecteurs qui s’intéressaient à son parcours. Godin a fait remarquer que certains patients, du simple fait de fréquenter le cabinet de Lacan, croyaient ainsi devenir membres d’un club, actionnaires d’une société ou propriétaires d’une parcelle (p. 91). Comme ils payaient – cher – et que le tarif ne faisait qu’augmenter à une certaine époque, ils pensaient avoir droit à des dividendes (p. 115). Pour eux, Lacan leur appartenait, ils étaient partenaires de ce que l’on pourrait dénommer la société Lacan Sarl. La publication de leurs livres … était-ce un moyen de toucher des dividendes ?

Lacan savait bien qu’il avait donné naissance à un « phénomène[2] », au point que l’une de ses boutades les plus célèbres, lorsque quelqu’un le demandait au téléphone : « Allô… Lacan ?, a été de répondre : « Certainement pas ». Maltraité et idéalisé, entre autres, par l’historienne Élisabeth Roudinesco, ou par son gendre, Jacques-Alain Miller, on a vu apparaître de nombreuses images de Lacan au fil des années. Il serait inutile de partir à la recherche de l’image du « véritable» Lacan. Et de plus, il convient de noter que tout ce qui s’est produit autour de lui est absolument unique, malgré de grossières imitations déplacées et hors du temps. Il conviendrait peut-être de réfléchir à l’existence d’une « Zone Lacan[3] ». Entre son cabinet, son séminaire et les présentations de malades, il s’y passait des choses qui n’avaient lieu nulle part ailleurs, parce que Lacan y était ou parce que c’était des endroits qu’il fréquentait[4]. Il faut rappeler cette trame pour pouvoir poser d’autres questions sur ce qu’ont écrit les auteurs de ces quatre livres. S’analysaient-ils en collectif ? Quelles effets l’œuvre publique de Lacan a-t-elle pu avoir sur ces analyses ? Qu’est-ce qui a motivé l’écriture de ces livres ? S’agit-il de « romans transférentiels » ? Peuvent-ils être lus comme des témoignages d’analyses ? En tant que témoignages, impliquent-ils un temps différent de celui de l’analyse ? Quelle est la particularité de celui qui est à la fois témoin et partie d’une affaire ? Est-il possible d’éviter les « pièges » du moi dans ces textes ? Quels jeux de vérité produisent-ils ? Parler de ces livres nous rend-il témoins indirects de ces analyses ? Et enfin, mais non moins important, doit-on lire ces livres comme les témoignages d’un passage, comme le propose Haddad ?

 

Notes :
[1] Dans Con piel de lobo. Cien años de historia de una neurosis infantil, (Escolios ediciones numeradas, 2019) nous avons pris note de ceci concernant Sergei Pankejeff.
[2] Voir « El fenómeno lacaniano », interview à Lacan, revue Panorama.
[3] À la manière de la Zone du film Stalker d’Andréi Tarkovsky, dans laquelle pour parvenir à la chambre des désirs, il faut un guide (un stalker ou harceleur), car il s’y passe des choses sans explication évidente. On peut repasser par les mêmes endroits sans s’apercevoir de la répétition.
[4] Le témoignage de Clément Rosset est clair à cet égard : alors qu’il voulait fréquenter un séminaire de Lacan, il a trouvé que Lacan n’y était pas, mais que ses analysants, ses élèves ou ses disciples s’y rendaient. Ils avaient besoin d’y être, même si Lacan n’y était pas présent, ce qui étonnait le philosophe. (pp. 43-44).

 

Bibliographie :
Agamben, G., Lo que queda de Auschwitz. El archivo y el testigo, Pretextos, Valencia, 2010.
Allouch, J., Hola … ¿Lacan? Claro que no, Epeele, México, 2005.
Allouch, J. El amor Lacan. Cuenco de plata. Bs. As., 2011
Aragón González, L., “El testimonio y sus aporías”. Escritura e Imagen, Extra, 295-311. https://doi.org/10.5209/rev_ESIM.2011.37740
Attal, J., El pase, ¿a título de qué?, traducción Susana Bercovich, me cayó el veinte, México, 2012.
Derrida, J., “Poétique et politique du témoignage”. Carnets de L´Herne, Paris, 2005. Disponible en: https://joaocamillopenna.files.wordpress.com/2015/03/derrida-poc3a9tique-et-politique-du-tc3a9moignage.pdf. Próximamente, traducción de Marcelo Novas disponible en https://lafactoria.org
Derrida, J., “Hablar por el otro”. Diario de Poesía. Buenos Aires, n° 39, 1996.
Díaz Álvarez, E., La palabra que aparece. El testimonio como acto de supervivencia, Anagrama, 2021, México.
ELP, Bookanalyse. Debate con Guy Le Gaufey sur Le cas en psychanalyse. Essai d’épistémologie clinique (París, 16 de octubre de 2021), La Factoría, Montevideo. https://lafactoria.org/el-caso-en-psicoanalisis-ensayo-de-epistemologia-clinica-de-guy-le-gaufey/
Felman, S., Testimonio. Crisis del testigo en la literatura, la historia y el psicoanálisis, traducción Susana Cella, Mármol Izquierdo, México, 2019. Capítulo disponible en https://lafactoria.org
Godin, J-L., Jacques Lacan, calle de Lille N°5, traducción Víctor Goldstein, Ediciones de la flor, Buenos Aires, 1990.
Godin, J-L., “Une présence faite d’absence”, 2012. Disponible en: https://epsf.fr/carnets/n-87-septembre-octobre-2012/ Traducción al español de Marcelo Novas, disponible en https://lafactoria.org
Freud, S., “Análisis terminable interminable”. Obras Completas Vol. XXIII. pp. 211-291, Amorrortu Ed., Bs. As., 1937 (1991).
Haddad, G., El día que Lacan me adoptó. Mi análisis con Lacan, traducción Jacques Algassi, Letra Viva, Bs. As., 2006 (2007). Disponible en: https://archive.org/details/ElDiaQueLacanMeAdoptoGerardHaddad
Lacan, J. “Proposición del 9 de octubre de 1967 sobre el psicoanalista de la escuela”, traducción de Gabriela Esperanza, en Otros escritos, Paidós, 2012, Buenos Aires.
Lacan, J., “Discurso en la Escuela Freudiana de París”, traducción de Gabriela Esperanza, en Otros escritos, Paidós, 2012, Buenos Aires.
Lacan, J., “El fenómeno lacaniano”, Entrevista de la revista Panorama, 21 de diciembre de 1974. Disponible en: https://psicoanalisislacaniano.com/jacques-lacan-entrevista-por-la-revista-panorama-1974-12-21/
Le Gaufey, G. El caso en psicoanálisis. Ensayo sobre epistemología clínica, traducción de Silvio Mattoni, Ediciones literales, ELP, 2021, Córdoba.
Milan, B., El loro y el doctor, traducción del francés Alicia Dujovne Ortiz, Homo Sapiens, Rosario, 1998.
Milan, B., O papagaio e o Doutor, Record, Rio de Janeiro, 1998, (segunda versión).
Milan, B., Goodbye Doctor. Disponible en: https://www.bettymilan.com.br/wp-content/uploads/2016/04/goodbydoctor.pdf
Milan, B., Lacan ainda. Testemunho de uma análise. Zahar, Rio de Janeiro.2021.
Rey, P., Una temporada con Lacan, traducción Luciano Padilla, Letra viva, Buenos Aires, 1989.
Rosset, C., En aquellos tiempos, Libros de artefacto, México, 1993.
Viltard, M., “Los públicos de Freud”, Opacidades 8, Buenos Aires, 2014.

 

Filmographie :
Ledes, R. C. (2021). Adieu Lacan.  Good soup media.

 

Activité préalable : Le cas et le témoignage en psychanalyse
15 octobre 2022, 9 h. à 12 h. 30 et 14 h. 30 à 17 h. 30

S’analyser avec Lacan
6 mai 2023, 9 h. à 12 h. 30 et 14 h. 30 à 17 h. 30
After Hôtel, Arturo Prat 3755, Montevideo

 

Participation aux frais : 1200 pesos
Étudiants : 600 pesos
Pour plus d’information, contacter : info@lafactoria.org

 

Crédits de l’imageLacan Ô Banquet de Platon, de P. Chambon, Ed. Érès.