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Que serait une transphobie d’orientation lacanienne ?

Séminaire


Dernière date

19 Décembre 2024 - Ciudad de México

Séminaire proposé par Jaime Ruíz Noé

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Argument


Que serait une transphobie d’orientation lacanienne ?

 

Séminaire proposé par
Jaime Ruíz Noé

Le 23 novembre 2003 à Paris, l’École lacanienne de psychanalyse (Elp) et le Centre d’aide, de recherche et d’information sur la transsexualité et l’identité de genre (Caritig) ont proposé une journée de travail à l’occasion de la parution en français du livre Sex Changes. The Politics of Transgenderism de Patrick Califia.[1] L’un des thèmes proposés pour l’occasion était posé à travers une question : « Les psy sont-ils transphobes ? ». Une question à laquelle Sam Bourcier a répondu, sans détours, dès le début de son intervention : « Évidemment et c’est la faute à Lacan ».[2]

Tout de suite, Bourcier procède à un zap : une action dirigée contre l’expertise que certains lacaniens avaient construite autour du trans.[3] Caricaturant le style du discours « psi », Bourcier décrit le syndrome du CTLPHF (Contre Trans Lacanian Pré-féministe Hétéro Fétichiste) qui affecterait « plus particulièrement les lacaniens » et « qui repose sur deux dénis principaux : la forclusion du nom de Lacan et le déni de leur militance hétérocentrique pour faire valoir leur délire de la différence sexuelle comme nature ». C’est ainsi que Bourcier prélude, près de quinze ans plus tôt, le discours que Paul B. Preciado dirigerait à cette « académie de psychanalystes » représentée par les membres de l’École de la cause freudienne.[4]

Après cette rencontre de 2003, Jean Allouch a mentionné que ceux qui auront subi de la « pastorale lacanienne » pouvaient très bien caractériser comme « transphobes » ceux qui avaient commis tant méfaits envers les personnes trans. « Mais « transphobe », qu’est-ce à dire ? », il s’est demandé. « Pour répondre, prolongeons la singerie et nous en remettant à la théorie : cela revient à indiquer qu’il n’est pas, cet expert, castré ».[5] Le mot singerie désigne une imitation comique ou moqueuse, comme lorsqu’un singe se comporte comme un humain, et qui sert de satire ou de critique. En le désignant ainsi, un autre parallèle peut être fait avec le discours de Preciado, qui reprenait le conte kafkaïen de Pierre le Rouge : un singe qui avait été capturé par les hommes pour que… il agisse comme eux.

En prolongeant cette singerie, Allouch ne s’est pas limité à parler de « transphobie » au sens le plus courant de ce terme (comme aversion ou rejet envers les personnes trans), mais il l’a notamment référé à une castration qui n’aurait pas eu lieu. En le plaçant ainsi, et en utilisant comme il l’a fait la théorie, Allouch aurait-il révélé une transphobie proprement lacanienne ? Qu’est-ce qui, de l’enseignement ou de la doctrine de Lacan, est ici mis en jeu ? En fait, dans d’autres passages textuels, Allouch avait déjà évoqué les « élucubrations théoriques » que certains élèves de Lacan avaient faites à propos de la transsexualité. Des élucubrations qui, en dépit de quelques nuances, ne modifient rien au fond.[6]

Il faut de se demander : de telles élucubrations théoriques ont-elles servi de base à cette transphobie ? Ou peut-être, faisant écho aux questions formulées par Allouch à un autre moment,[7] faut-il plutôt s’adresser au le maître ? Pour le paraphraser : quel est le rôle de Lacan dans ce savoir si abouti, si compact, si peu troué, si élucubré que ses élèves construisaient sur le trans ? En fin de compte, est-ce la faute de Lacan pour la transphobie répandue dans une grande partie de la psychanalyse lacanienne et, par conséquent, de la non-réception, sinon franchement du rejet, du trans dans le champ freudien ?[8]

Ce séminaire vise à porter un parcours critique de certains des épisodes les plus honteux qui ont été suscités dans la psychanalyse lacanienne concernant le trans, en vue de déconstruire ce supposé savoir qui s’est érigé sur cette question et dont les effets continuent de se propager au-delà même du champ freudien. À partir d’une révision textuelle et intertextuelle, ce parcours cherchera à mettre en évidence certains des jugements et des préjugés qui ont orienté les lacaniens. Les textes de la bibliographie, y compris certaines traductions inédites, seront préalablement soumis pour révision.

En revisitant les épisodes de cette histoire fatidique, on peut peut-être revendiquer d’autres singeries, comme celle des trois singes sages du bouddhisme, où ne pas parler, ne pas voir et ne pas écouter permettent d’esquisser une analogie avec la position de l’analyste.[9]

 

Notes en bas de page :

[1] Le mouvement transgenre: changer de sexe, trad. de l’anglais par Patrick Ythier, Paris, Epel, 2003. Un classique de l’erotologie moderne en suoffrance d’une traduction en espagnol.
[2] Sam Bourcier, “Zap la psy : on a retrouvé la bite à Lacan”, en Queer Zones. La trilogie, Éditions Amsterdam, Paris, 2021, p. 434.
[3] L’usage du préfixe trans (parfois écrit avec un astérisque : trans*) n’a pas pour but d’effacer les singularités par l’usage d’un terme générique, mais bien au contraire : montrer que le langage n’englobe pas une hétérogénéité d’expériences, d’expériences, d’identités, de luttes et d’activismes, où les sujets peuvent poursuivre des objectifs différents et mener des réflexions très diverses sur leur subjectivité et leur corporalité. Cfr. “Trans* (con asterisco)”, en Barbarismos queer y otras esdrújulas, R. Lucas Platero, María Rosón Esther Ortega (eds.), Bellaterra Ediciones, Barcelona, 2021, pp. 409-415.
[4] Paul B. Preciado, Je suis un monstre qui vous parle: rapport pour une académie de psychanalystes, Éditions Gasset, Paris, 2020.
[5] Jean Allouch, “Couverts de honte”, allocution d’ouverture d’une Journée Pat Califia.  En ligne : < https://shorturl.at/77maw >.
[6] Jean Allouch, “Lacan et les minorités sexuelles”, Cités, n° 16, 2003, pp. 71-78. En ligne: < https://shorturl.at/nmzju >.
[7] Cfr. Jean Allouch, Jacques Lacan y su alumno erizo. Transmaître, tr. Lucía Rangel Hinojosa, Editorial me cayó el veinte, México, 2021, p. 20.
[8] Cfr. Juan Carlos Piegari, “De un rechazo. Notas a la (no) recepción lacaniana del campo Trans”, Opacidades, nº 9: Inéditas miradas, Buenos Aires, 2018, pp. 119-160; aussi, Nicolas Evzonas, “Transphobie psychanalytique ou le trauma généralisé du genre”, Recherches en psychanalyse, vol. 30, nº 2, 2020, pp. 103-112.
[9] Jacques Lacan, séminarie D’un Autre a l’autre, 4 juin 1969.

 

Bibliographie :

Alby, Jean-Marc; “Le trans-sexualisme”, tr. Amparo Rivero e Ivone Galantini, en Lectura al pie de la letra. En línea: < https://shorturl.at/dhBQ1 >.
Allouch, Jean; “Acoger los gay and lesbian studies”, Litoral, nº 27: La opacidad sexual, Edelp, Córdoba, pp. 171-183.
————; “Couverts de honte”, allocution d’ouverture d’une Journée Pat Califia. En línea: < https://shorturl.at/77maw >. [En español: “Avergonzados”, tr. Graciela Graham, Imago Agenda, n° 93, 2005. En línea: < https://shorturl.at/aceko >].
————; Jacques Lacan y su alumno erizo. Transmaître, tr. Lucía Rangel Hinojosa, Editorial me cayó el veinte, México, 2021.
————; “Lacan et les minorités sexuelles”, Cités, n° 16, 2003, pp. 71-78. En línea: < https://shorturl.at/nmzju >.
Ayouch, Thamy; “Psychanalyse et transidentités : heterotopies”, L’évolution psychiatrique, nº 80, París, 2015, pp. 303-316.
Bourcier, Sam; “Zap la psy : on a retrouvé la bite à Lacan”, en Queer Zones. La trilogie, Éditions Amsterdam, Paris, 2021.
Califia, Patrick; “The Backlash: Transphobia in Feminism”, en Sex Changes: The Politics of Transgenderism, Cleis Press, San Francisco, 2003, pp. 86-119.
Castel, Pierre-Henri; La Métamorphose impensable: Essai sur le transsexualisme et l’identité personnelle, Gallimard, Paris, 2003.
Czermak, Marcel; “Precisiones acerca de la clínica del transexualismo”, en Estudios psicoanalíticos de las psicosis. Pasiones del objeto, tr. Jorge Piatigorsky, Nuevo Visión, Buenos Aires, 1987, pp. 89-105.
Evzonas, Nicolas; Devenirs trans de l’analyste, prefacio de Laurie Laufer, Puf, París, 2023.
————; “Transphobie psychanalytique ou le trauma généralisé du genre”, Recherches en psychanalyse, vol. 30, nº2, Paris, 2020, pp. 103-112.
Galantini, Ivone; “Algunas puntualizaciones sobre el transexualismo”, Opacidades, nº 9: Inéditas miradas, Buenos Aires, 2018, pp. 163-176.
Gherovici, Patricia; Psicoanálisis transgénero. Una perspectiva lacaniana sobre la diferencia sexual, tr. Bárbara Marengo Pizzo, Paradiso Editores / Universidad Iberoamericana, México, 2022.
Lacan, Jacques; De un discurso que no sería (del) semblante, versión crítica de Ricardo E. Rodríguez Ponte, sesión del 20 de enero de 1971.
————; …O peor, versión crítica de Ricardo E. Rodríguez Ponte, 8 de diciembre de 1971.
————; 8 presentaciones de enfermos en Sainte-Anne, diciembre 75-abril 76, tr. Silvia Hueso, Documento de uso interno de la Federación de Foros del Campo Lacaniano (FFCL-España F7), sin fecha.
Laufer, Laurie; “El paradigma trans”, tr. Lucía Rangel Hinojosa, me cayó el veinte, nº 47: Weimar, el espíritu de una época, México, 2023, pp. 143-158.
————; “¿Un zapsicoanálisis trans?”, en Por un psicoanálisis emancipado. Reanudar la subversión, tr. Ana Guarnerio, Escolios / Epeele, México, 2023, pp. 166-180.
Marty, Éric; El sexo de los modernos, tr. Horacio Pons, Manantial, Buenos Aires, 2022, pp. 469-504.
Miller, Jacques-Alain; “Dócil a lo trans”, Lacan Quotidien, nº 928, 2021. En línea: < https://shorturl.at/cBQ38 >.
Millot, Catherine; Exceso. Ensayo sobre el transexualismo, tr. Cristina Davie, Ediciones Paradiso, Buenos Aires, 1984.
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Morel, Geneviève; Ambigüedades sexuales. Sexuación y psicosis, tr. Horacio Pons, Manantial, Buenos Aires, 2002.
Piegari, Juan Carlos; “De un rechazo. Notas a la (no) recepción lacaniana del campo Trans”, Opacidades, nº 9: Inéditas miradas, Buenos Aires, 2018, pp. 119-160.
Platero, R. Lucas, María Rosón, Esther Ortega (eds.), Barbarismos queer y otras esdrújulas, Bellaterra Ediciones, Barcelona, 2021.
Preciado, Paul B.; Yo soy el monstruo que os habla. Informe para una academia de psicoanalistas, Anagrama, Barcelona, 2020.
Rosario, Vernon; “Perversión sexual y transensualismo. Historicidad de las teorías, variación de práctica clínica”, en Litoral, nº 33: Una analítica pariasitaria. Raro, muy raro, Epeele, México, 2003, pp. 45-63.
Safouan, Moustapha; “Contribución al psicoanálisis del transexualismo”, en Estudios sobre el Edipo. Introducción a una teoría del sujeto (1973), tr. María del Pilar Berdullas, México, Siglo XXI, 1977, pp. 77-99.
Stoller, Robert J.; Sex and Gender. The Development of Masculinity and Femininity (1968), Karnac Books, London, 1984.

 

Lieu :
Salle virtuelle ZOOM

 

Horaire et dates :
18-20 hrs. – México
20-22 hrs. – Paraguay / Chile
21-23 hrs. – Argentina / Uruguay

 

Huit séances avec une fréquence bihebdomadaire :

5 et 19 septembre
3 et 17 octobre
7 et 21 novembre
5 et 19 décembre

 

Participation :
1 200 pesos mexicains (65 dollars) pour la totalité du séminaire.

 

Plus d’informations et inscription :
jaime.ruiz.noe@gmail.com

 

Crédits de l’image :
Wingsdomain Art and Photography 2021.